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Far East, le Japon intime de Géraldine Lay

Ce livre est le fruit de quatre voyages au Japon de la photographe Géraldine Lay. Il s’agit là d’un Japon intime, loin des lieux touristiques et iconiques, plus proche des habitants et des villes de province. Dans un habile mélange, se côtoient la familiarité du quotidien et un léger sentiment de mystère. Quelque chose de tout à la fois banal et intriguant se passe. On ressent aussi l’aspect dense d’un environnement souvent urbain. Il en ressort des images très graphiques, aux couleurs intenses que Géraldine Lay contrebalance avec des ombres assez profondes. Les images sont livrées brutes, sans explication, au fil d’une mise en page systématique avec des pages en « pli japonais ». On remarque par ailleurs la très belle impression et la couverture souple avec une jaquette américaine qui, en se déployant, donne en grand format l’une des images de la série Far East.

Far East (2023)
Poursuite Éditions
20 x 28 cm
112 pages
30€

www.poursuite-editions.org
www.geraldinelay.com / IG: @lay.geraldine

Ce qui ne meurt jamais - Carline Bourdelas- Editions Process

« Ce qui ne meurt jamais » de Carline Bourdelas, Deuxième ouvrage des Editions Process

Deuxième ouvrage des Editions Process après « Ce qui reste, ceux qui restent » de Camille Gharbi, nous sommes fiers et heureux de vous dévoiler le livre « Ce qui ne meurt jamais » de Carline Bourdelas.

Ce livre de Carline Bourdelas est issu de sa résidence dans le cadre du festival Planches Contact 2023 en partenariat avec la fondation photo4food.

Pour ce travail, elle a souhaité approcher l’intimité de Marcel Proust et son vécu sur le territoire normand, à Cabourg en particulier qui inspira à l’écrivain « À l’ombre des jeunes filles en fleurs » (1919). Il est l’expression visuelle du ressenti supposé – par la photographe – de Proust en Normandie.

« L’œuvre de Proust est hypnotisante, explique Carline. La réalité est son inconscient, la vie n’est qu’une rêverie, parfois heureuse, le plus souvent mélancolique. Avec mes images, j’ai tenté d’approcher l’âme de Proust, j’ai été à l’écoute de ce qui l’a profondément touché, son émerveillement du monde, ses sentiments douloureux, sa peur de vieillir et de voir mourir les êtres tant aimés. »

Ce travail de résidence s’inscrit dans la continuité de la démarche personnelle de la photographe, inspirée par les scènes de quotidien, par l’étrangeté des choses, par l’idée de « réparer des blessures » par l’image.

La mise en scène, le procédé technique de superposition, donnent à son travail une dimension intemporelle, imaginaire, où le monde apparait brumeux, lointain, poétique et beau.

L’OBJET
22cm x 27cm, 80 pages ; 28€.
Vous pouvez vous le procurer dès à présent sur notre boutique en ligne : shop.process.vision

Photos : Carline Bourdelas / Fondation photo4food – Institut de France
Site internet de l’artiste : carlinebourdelas.photo
Instagram de l’artiste : @carlinebourdelas

planchescontact.fr
fondationphoto4food.com

« Ce qui reste, ceux qui restent »,Les Editions Process sortent leur premier livre autour du travail de Camille Gharbi

Le magazine Process crée sa maison d’édition : Les Editions Process.
Pour l’inaugurer, nous sommes heureux et fiers de vous dévoiler notre premier ouvrage, « Ce qui reste, ceux qui restent ».

Réalisé avec l’envie commune de valoriser et de laisser une trace pérenne d’un projet de résidence de la photographe Camille Gharbi, il s’inscrit dans une continuité naturelle pour nous : goût pour le bel objet papier, pour les disciplines artistiques, et la photographie en particulier.

En dix ans, Camille Gharbi a dévoilé un travail photographique puissant et engagé avec des séries qui abordent des sujets sociétaux qui suscitent le débat tels que la problématique des migrations (La jungle de Calais) ou les féminicides (Preuves d’amour et Les monstres n’existent pas).
Son travail est régulièrement présenté en France et à l’international lors d’événements comme le festival Circulation(s), Les Rencontres d’Arles ou encore l’Arte Laguna Prize à Venise.
Camille Gharbi a également été lauréate de nombreux prix, notamment – en 2022 – la Grande Commande Photographique portée par la Bibliothèque Nationale de France et le Ministère de la Culture, et pour laquelle elle dévoilera prochainement une série sur la masculinité.

La série qui fait l’objet du livre « Ce qui reste, ceux qui restent », édité par les Editions Process, témoigne du ressenti des habitants de l’immeuble Tisserand à Bogny-sur-Meuse (Ardennes), contraints de quitter définitivement leur habitation, l’immeuble étant devenu vétuste et voué à la destruction. Elle a été réalisée dans le cadre d’une résidence artistique à l’initiative du bailleur social HABITAT 08 en partenariat avec l’association de photographie contemporaine La Salle d’Attente.

Portraits, paysages, vues d’intérieurs dialoguent avec les témoignages d’habitants, parfois résilients, parfois amers, recueillis par l’artiste. C’est cet ensemble complexe qu’ont voulu restituer les Editions Process à travers le livre, un objet sensible qui cherche à rendre – avec une direction artistique qui amplifie le dialogue entre les écrits et les images – le plus préhensible possible l’intention de Camille Gharbi.

>> Retrouvez notre interview de Camille Gharbi qui est revenue sur son parcours et sur son nouveau livre ici.

L’OBJET
22cm x 27cm, 80 pages, dos carré cousu, couture apparente ; 30€.
Vous pouvez vous le procurer dès à présent chez nos libraires spécialisés (la liste ici) ou sur notre boutique en ligne : shop.process.vision

SIGNATURE
Ce livre fera l’objet d’une signature par Camille Gharbi samedi 8 juillet 2023 à 14h à la Librairie du Palais dans le cadre des Rencontres d’Arles.
Librairie du Palais 10 rue du Plan de la Cour, 13200 Arles / www.librairiedupalais.fr / IG : @librairiedupalais

 

Livre "ce qui reste, ceux qui restent" de Camille-Gharbi, Editions Process

Marie Sepchat et les éditions the(M) La créativité comme transport sensible

L’éditrice photo Marie Sepchat bâtit depuis 2015 un catalogue très cohérent qui met le ressenti du lecteur au-dessus de toute autre considération avec des livres dont la rareté, la créativité et l’approche sensible confèrent à sa maison une place déjà à part dans le paysage de l’édition française

Marie, les livres et, au milieu, le vide
Ça commence comme un saut dans le vide, une envie de passer à autre chose. En 2015, Marie Sepchat démissionne de son travail dans l’industrie du cinéma pour se jeter à corps perdu dans la vie aventureuse d’éditeur de livres photos. Se jeter, c’est vraiment le mot parce qu’elle n’y connaît rien. Ni personne. Elle sait juste qu’elle désire profondément, et depuis longtemps, être le catalyseur, et un peu l’étincelle, qui permet aux livres d’exister. Elle veut être à l’origine de la chaîne au bout de laquelle un objet de papier est capable, dans sa modestie, de vous embarquer ailleurs.

Ce projet ne sort pas non plus complètement de nulle part, ça fait des années qu’il murit tranquillement. Pas de contexte particulier ou d’atavisme familial, pas de tempérament de collectionneur qui voudrait produire lui-même les objets qu’il collectionne, mais, depuis toujours, cette envie de passer de l’autre côté de la barrière, d’intégrer l’équipe de ceux qui affinent patiemment la recette susceptible de vous faire ressentir au plus juste la saveur du travail des artistes, en l’occurrence celui des photographes.

Pour se lancer dans cette aventure, Marie, tête bien faite, et, ce qui ne gâche rien, diplômée d’une école de commerce, a tout de même préparé son affaire : l’incontournable business plan s’est vu augmenté de nombreuses lectures et documentations pour « apprendre » le milieu, ses processus, ses usages.

«Somewhere not here» de Toshiya Watanabe. Les designers du studio Des signes se sont affranchis ingénieusement de la difficile contrainte des images au format carré en les faisant courir à l'intérieur et à l'extérieur de pages qui se déplient.

Love at the first sight
Elle attend pour se lancer un signal qui vient en 2015 quand elle rencontre le photographe Gil Rigoulet. Intriguée par le personnage et son travail, elle l’invite à lui montrer plus d’images et découvre une série magnifique des années 80 autour de la Piscine Molitor dont elle tombe immédiatement amoureuse. C’est le déclic. Il en naîtra le premier livre des éditions the(M) : « Gil Rigoulet – Molitor – été 1985 ». Quatre-cents exemplaires présentés dans un coffret accompagné de quinze tirages argentiques. Ils partiront tous.

Suivront immédiatement « Day dreaming – Night clubbing » de Philippe Morillon, et « Divagation – Sur les pas de Bashō » du grand Klavdij Sluban. Un peu plus tard, le très beau « Proxemics » de Renato D’Agostin, imprimé en blanc sur papier noir sera très remarqué. C’est aujourd’hui plus d’une trentaine d’ouvrages que compte le catalogue des éditions the(M). Un assez long chemin parcouru en à peine six ans avec des moments forts.

L’obtention du prix Nadar en 2019, qui récompense le meilleur livre de photographie de l’année publié en France, en est assurément un. Il a marqué les esprits en récompensant « So it goes » de Miho Kajioka, un livre tout en délicatesse, un miracle de retenue et de poésie. Imprimé quasi entièrement sur du papier calque il est le premier à être attribué à deux femmes (éditeur et artiste). Il est aussi le premier à être attribué à une artiste japonaise. Plus qu’un succès pour une maison d’édition d’à peine trois ans d’âge et une petite douzaine de titres dans son catalogue…

La rencontre avec la galerie belge (Anvers) Ibasho marquera aussi une étape importante dans la trajectoire des éditions. Cette galerie, dont les deux fondateurs ont eu, eux aussi, une première vie professionnelle (avocats) avant de devenir galeristes, a développé un goût pour la photographie japonaise et une certaine tendance poétique qui s’accorde parfaitement avec les choix de Marie. Ils représentent une part importante des photographes qui s’inscrivent dans cette veine et Marie a, depuis trois ans, entamé avec eux une relation de long terme et tout un cycle de co-édition très moteur dans sa propre activité.

La présence pour la première fois en 2021, des éditions the(M) sur le salon Paris Photo, rendez-vous incontournable du genre, marquera une autre étape en lui permettant de prendre le pouls du marché directement au cœur du volcan de la photo en France.

À ce stade, Marie peut d’ores et déjà se retourner et se satisfaire d’avoir su se faire « sa place à elle » dans le petit monde de l’édition ; sa maison existe.

Images ci-dessus : «Molitor - été 1985» de Gil Rigoulet. Le tout premier livre des éditions the(M).
«After the snowstorm» de Yoshinori Saito. Le livre est façonné avec un dos carré collé classique mais « à la japonaise» pour les pages, composées chacune d'une feuille pliée en deux au niveau de la tranche, et donc de deux épaisseurs de papier. La plupart des titres et textes sont imprimés à «l’intérieur» de ces pages et sont lisibles par transparence, comme s'ils étaient recouverts d'une fine couche de neige. Délicatesse...

Vision globale, constance & force des bras
Il faut dire qu’elle n’a pas ménagé sa peine. En s’inscrivant dans une démarche complètement artisanale elle maîtrise de très près toute la chaîne de l’édition, mais elle fait aussi… tout elle-même.

C’est le cas pour la partie artistique bien sûr dans laquelle elle impulse et coordonne tous les choix et le travail des différents intervenants (artistes, designers, imprimeurs) mais ça l’est aussi pour les parties diffusion et distribution qui consistent, schématiquement, à, d’une part, commercialiser le livre : convaincre les libraires de le vendre ; et, d’autre part, assurer la logistique des échanges entre imprimeur et revendeur ainsi que les mouvements comptables qui vont avec. Elle a pris en charge elle-même ces tâches, habituellement dévolues à des professionnels spécialisés dans le cadre d’un circuit plus classique. Ce qui signifie qu’elle est allée démarcher chacun des libraires elle-même et que c’est elle qui livrera chaque nouvel exemplaire mis en vente en puisant dans un des nombreux cartons qui encombrent son appartement. Quand vous écrivez aux éditions c’est aussi elle qui répondra à votre mail, de même que c’est elle qui préparera votre commande en ligne.
Bien sûr, cet « engagement » est le lot de la plupart des petits éditeurs indépendants, mais Marie Sepchat y ajoute une caractéristique un peu moins partagée concernant le mode de financement des ouvrages.

Avec le coût de production élevé (le niveau qualitatif moyen des livres est assez haut, augmentation constante du prix du papier, etc.), les marges faibles, le nombre important de livres, les éditeurs ont tendance – et c’est bien compréhensible – à sécuriser les opérations dans lesquelles ils se lancent en conditionnant leur intervention à l’apport d’un financement extérieur (subventions, mécénat…) pour tout ou partie du coût du livre, ou en demandant à l’auteur de partager certains frais. L’idée qu’on se fait d’un éditeur envisagé comme quelqu’un qui parie sur un auteur n’est plus vraiment d’actualité. Seul un petit nombre investissent « à l’ancienne » sur un auteur en prenant tous les frais à leur charge. C’est la ligne de conduite que se sont fixée les éditions the(M) depuis leur création, et qu’elles ont réussi à tenir jusqu’à aujourd’hui. La prise de risque est maximale, elle signe aussi la sincérité du projet.

C’était pour Marie une condition sine qua non : ne rien demander à l’auteur et lui permettre de ne pas perturber son geste créatif avec d’autres considérations. Au-delà de la vision artistique, il y a une réelle démarche entrepreneuriale : elle a démarré avec ses économies personnelles et réussi à produire chaque livre avec les revenus des précédents, en faisant vivre un petit écosystème d’intervenants au passage. La maison, gérée en « bon père de famille » a, en outre, développé un chiffre d’affaires stable – se partageant entre librairies, vente en ligne, et foires – qui nourrit son homme presque depuis ses débuts. Certes, la jeunesse de l’entreprise, la volatilité du marché et l’ésotérisme de ce qui fait ou non un succès invitent à une prudence raisonnable, mais les voyants semblent plutôt au vert.

«Proxemics» de Renato D’Agostin. Ce livre est imprimé en blanc sur noir pour exploiter au mieux la profondeur du noir très profond du papier «sirio» et restituer la franchise graphique des images de Renato D’Agostin.

La marque « the(M) Éditions »
Car la passion est là, et avec lui, le public. À l’heure du monde vidéo, l’image fixe semble plus que jamais susciter l’intérêt, et notamment dans sa « matérialité », celle des tirages envisagés comme des objets, et donc, celle des livres, et de l’intimité dans laquelle ils peuvent faire se rencontrer lecteur et auteur. Une bulle d’oxygène analogique dans un monde numérique.

On peut y faire sa place pour peu que son positionnement soit lisible. Celui de Marie est tout à fait clair : produire des livres-objets en série limitée.

Difficile de définir ce qu’ est un « livre-objet » puisqu’un livre est précisément déjà un objet, mais en échangeant avec Marie Sepchat, on comprend que le livre devient pour elle un livre-objet quand l’ensemble des finitions, des détails, des attentions et des subtilités permet au lecteur, devenu promeneur, de vivre quelque chose qui s’apparente plus à une « expérience » qu’à une simple lecture. D’une certaine façon, le livre devient paradoxalement livre-objet quand il permet de se détacher de sa matérialité, et qu’il fait entrer le lecteur dans une autre dimension, souvent poétique. On en prend la mesure en parcourant, par exemple, les pages subtiles de « Somewhere not here » de Toshiya Watanabe mis en page par le brillant studio Des Signes, ou celles de « After the snowstorm » de Yoshinori Saito, promenade sensible dans des paysages enneigés.
Les retours des lecteurs permettent de lire clairement ce fonctionnement quand on comprend qu’ils nourrissent un rapport très affectif avec ces livres dont les tirages ne dépassent qu’exceptionnellement les 500 exemplaires et dont le prix moyen se situe plus autour des 100 ou 200 euros que des 30-40 euros.

«So it goes» de Miho Kajioka. Imprimé quasi-entièrement sur papier calque, la délicatesse de l'objet traduit parfaitement la sensibilité évanescente de Miho Kajioka.

Les sens de l’édition
Choisir intelligemment les images, impulser le design qui va guider la façon dont elles viennent au lecteur, envisager le jeu des papiers, le mode d’impression, les finitions… Autant de curseurs aux dosages délicats qui jalonnent la marche du projet qu’est celui de faire un livre. Il y en a d’autres, moins artistiques, et la vision de l’éditeur devra être globale pour pouvoir porter jusque dans les mains du lecteur l’exacte teneur du projet des artistes, et – qui sait – lui donner un écho qui saura amplifier leur vision. Celle-ci reste le cœur du projet de Marie qui a nommé sa maison « them », « eux » en français, qui désigne les artistes, le « m » isolé par deux parenthèses faisant référence au « M » de Marie.

Éditer des livres, surtout en matière d’images, est une activité qui semble nécessiter une véritable implication tout aussi créative que financière. Si on se figure assez bien qu’elle est plus complexe que la simple mise en forme d’une œuvre préexistante, on ne mesure sans doute pas toujours à quel point l’éditeur peut être un acteur du projet, à quel point son regard est déterminant dans le ressenti du lecteur. C’est toute la noblesse et l’élégance de ce travail que d’œuvrer, dans une relative obscurité, à la connexion d’un artiste et d’un public. C’est toute la vocation de Marie Sepchat et des éditions the(M).

«The world’s first photobook was blue» de Albarrán Cabrera. Le livre est imprimé sur un papier irisé/doré pour restituer toute la lumière des tirages originaux.