Pourriez-vous préciser le positionnement de votre galerie et en quoi Thomas Paquet est représentatif des artistes avec lesquels vous aimez travailler ?
Bigaignon est une galerie d’art contemporain photosensible. Ce positionnement très singulier nous amène à suivre et défendre les travaux d’artistes de tous horizons et pleinement engagés dans l’art contemporain, c’est-à-dire des artistes qui portent un regard sur le monde qui les entoure dans une écriture contemporaine, et qui s’approprient le médium photographique pour l’emmener ailleurs. Thomas Paquet est un artiste qui s’intéresse aux fondamentaux de la photographie, la lumière et le temps, et qui a par ailleurs une capacité incroyable à utiliser et maîtriser tous les outils à sa disposition, d’hier et d’aujourd’hui, analogiques comme numériques, pour traiter ces deux éléments dans une écriture particulièrement contemporaine. Et faut-il mentionner la poésie qui se dégage naturellement de son travail ? Thomas est sans aucun doute l’un des portes étendards de la ligne de la galerie.
Thomas évoque souvent votre relation et la richesse de vos échanges, pourriez-vous définir comment vous envisagez votre rôle dans ce duo ?
L’art obéit pour partie aux mêmes règles que beaucoup d’autres secteurs et choses de la vie, et en cela le facteur humain joue un rôle excessivement important. Avec Thomas nous sommes dans une relation qui va au-delà de la simple relation de travail. On grandit ensemble, on se nourrit l’un l’autre, on collabore pleinement. J’aime à penser que le rôle du galeriste ne se limite pas à montrer des œuvres ou promouvoir une carrière. Ma relation avec Thomas se place dans cette perspective plus complète.
Est-ce important de « challenger » les artistes, et comment ?
Les artistes ont besoin avant tout d’écoute, de soutien et d’encouragement car le doute est souvent de la partie. J’essaie d’être présent dans ces moments-là. Les challenger c’est autre chose. Il s’agit alors de provoquer des idées, de repousser les limites de ce qui semble possible, de nourrir le désir, de faire avancer les choses. La plupart des artistes n’ont besoin de personne pour ça, mais lorsqu’ils ont en face d’eux quelqu’un qui va dans ce sens et avec qui ils peuvent partager, ça aide grandement.
Quelles sont les grandes lignes de la « construction » d’une carrière d’artiste ?
Le marché laisse à penser qu’il y aurait les artistes émergents, les « mid-career » et enfin les artistes établis. En réalité rien n’est jamais acquis d’une part et tout est relatif d’autre part. Je ne crois pas que ces classifications soient très importantes ou même pertinentes. Ce qui compte le plus c’est le travail lui-même. Est-ce un travail de qualité ? Est-il abouti ? Est-il représentatif de l’ADN de l’artiste ? Peut-il durer, laisser une trace dans l’histoire de l’art ? Ces questions-là, primordiales selon moi, sont au cœur de la carrière d’un artiste.
À quel stade considérez-vous en être avec Thomas ?
De série en série, de projet en projet, de jour en jour, Thomas creuse ses sujets, affine sa pratique, développe une signature, déploie son empreinte. Ça se sent, ça se voit. Il faudrait être aveugle pour ne pas le voir. Le reste c’est aux autres de le décider !
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