Publié le 18 septembre 2020
Temps de lecture : 3 minutes

NUE, l’atelier floral de Claire Boreau

PHOTOSMASQUES : ROBBERT JACOBS / AUTRES IMAGES : DAVID PAIGE
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Créatrice de l’atelier floral NUE, Claire Boreau s’est formée au métier de fleuriste auprès de Stanislas Draber et de Majid Mohammad (Muse). Ses créations végétales qui témoignent de son approche libre et expérimentale du bouquet lui ont permis de développer, à côté de projets plus personnels, des collaborations artistiques avec de grands noms du luxe, des designers et designers culinaires. Représentée par l’agence Saint Germain, ses set floraux se retrouvent dans des éditos de prestigieux magazines, dans des publicités (Dior, Van Cleef & Arpels…) ou sur des défilés (Kenzo, Givenchy…).

Pouvez-vous nous décrire votre cheminement créatif ?
Lorsque je travaille pour un client, je m’intéresse à la vision, l’identité et le discours porté par ce projet en particulier, je m’interroge sur la façon dont je peux transmettre le message esthétique tout en essayant de prendre des chemins qui ne soient pas trop attendus. Il y a des stéréotypes autour des fleurs, j’essaye de travailler, autant que possible, au-delà ou à côté de ces stéréotypes, utiliser les fleurs plutôt comme un sculpteur qui a de l’argile dans les mains et qui «  expérimente  » en toute conscience que c’est parfois la matière elle-même, ou le mouvement, qui vont influer sur la beauté de l’œuvre. C’est parfois la fleur qui s’ouvre trop vite, la tige tordue, le pétale qui tombe… qui vont décider, et c’est très bien.

Y a-t-il parfois un écart entre votre idée initiale et le projet fini ? Êtes-vous attachée à cette idée ou acceptez-vous volontiers le fait que des contraintes puissent vous mener à un tout autre projet ?
Cet écart entre l’idée et l’objet fini me semble indispensable, c’est là que se trouve, souvent, le charme d’un projet, et le plaisir que j’ai à le réaliser puisque les imprévus révèlent des surprises et des remises en question qui font évoluer sans cesse mon savoir-faire tout comme l’intérêt que je porte à chaque projet.

Avez-vous besoin de chercher de nouvelles idées ou viennent-elles à vous naturellement ?
Je travaille de façon très spontanée, je me réfère peu aux images car j’ai le souci de ne pas reproduire quelque chose de déjà vu. En revanche, je suis inspirée par des personnes qui me transmettent leur «  vision  » mais aussi par des émotions vives que me procurent la musique dans mon atelier, ma vie privée et bien entendu le charme et le parfum de fleurs que je découvre ou re-découvre au fil des saisons, à Rungis ou chez les producteurs.

Votre style évolue-t-il avec le temps ou y a-t-il une forme de constance dans vos différents projets ?
Je revendique l’absence d’appartenance à un style en particulier, j’aime autant l’exercice de l’Ikebana que celui de la composition baroque, le bouquet romantique, contemporain ou le bouquet champêtre, les projets botaniques axés sur la recherche d’ingrédients pour la parfumerie et les décors monumentaux pour la mode. Cette diversité fait de chaque projet une expérience stimulante et je serais bien malheureuse de me cantonner à une seule pratique !

Y a-t-il des éléments qui font votre «  patte » et que vous souhaitez conserver d’une création à une autre ?
Si un élément fait ma patte, je crois que c’est aux autres de le dire, car la diversité des projets auxquels j’ai la chance de participer, fait que je ne m’en rends pas tout à fait compte. Un projet, c’est avant tout une rencontre : avec un photographe, un créateur, une femme qui s’apprête à se marier… ce que je propose communément à ces personnes, c’est le soin, l’ouverture et l’enthousiasme à créer ensemble.

Quels sont pour vous les grands partis-pris (qu’ils soient esthétiques, philosophiques, pratiques…) de votre travail ?
Je n’ai pas de partis-pris. J’ai pu appréhender certains projets avec des a priori esthétiques et ces projets ont pu se révéler être les plus challengeants, les plus joyeux et dont je suis la plus fière. J’ai pu appréhender d’autres projets avec joie «  sur le papier  » et finalement me retrouver frustrée ou déçue du déroulement ou du résultat. Il faut laisser sa chance à l’inattendu, être curieux.

Qu’est-ce qui, jour après jour, nourrit votre envie de produire ?
L’impression que mon travail n’en est pas un, que je pourrais le faire aussi bien par plaisir que parce que c’est mon métier.

Avez-vous envie de vous diriger vers de nouvelles choses ?
Tout le temps ! Mon histoire familiale fait que je m’intéresse à la cuisine (famille de 3 générations de bouchers), j’ai très envie d’aller vers des pratiques qui concernent l’alimentation. Je suis également fascinée par le métier de parfumeur. En somme, ce qui concerne le plaisir des sens. Je ne sais pas encore quand et comment cela prendra forme. Par les rencontres sans doute !