Publié le 18 septembre 2020
Temps de lecture : 3 minutes

Jonathan LLense, l’inspiration en bas de chez soi

TEXTEMARIE-CHARLOTTE BURAT
PHOTOSJONATHAN LLENSE
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Il vit le quotidien comme un terrain de jeu. Jonathan LLense capture l’improbable dans le banal et en fait le théâtre de ses mises en scène. Suivant son instinct, il contourne les conventions et chine l’inspiration partout autour de lui.

« Comment je peux faire de la photographie, là, maintenant ? Au coin de la rue ? ». Né à Lille et aujourd’hui basé à Paris, Jonathan LLense a suivi des études aux beaux-arts de Valenciennes puis à l’École Nationale supérieure de la photographie à Arles, où il a été diplômé en 2013. Un apprentissage académique, calibré, qu’il a su mettre au service de son intuition, s’affranchissant ensuite des conventions pures et dures de la photographie. Impromptus, décalés, les clichés de Jonathan LLense ont cette légèreté déconcertante qui prête à sourire avec complicité.

« Il faut ouvrir le robinet »
Alors qu’il expose à Arles dans le cadre de ses études, Jonathan LLense accroche sur tout un pan de mur une myriade de photographies, mais il est finalement contraint de devoir réduire sa sélection. À l’image de sa démarche artistique, il veut montrer autant que possible alors que la norme lui impose de choisir. Pourquoi se restreindre quand on peut continuer « d’ouvrir le robinet »,  comme il le décrit avec image ? Le robinet à idées, à digressions, c’est celui qui s’auto alimente à mesure qu’il s’écoule.

Son travail n’est pas dicté par un thème en particulier ou une série pensée au préalable. C’est sur l’instant que sa décision est prise, selon l’envie. « Ce qui m’intéresse c’est l’expérience que je ressens. Parfois, il ne se passe rien », nous dit-il. Une manière de créer qui se concrétise au fil de ses promenades routinières, source d’inspiration inépuisable et constamment mouvante. La ville l’inspire. Paris et New York font pourtant exception, elles ont déjà été trop sous les feux des projecteurs pour avoir aujourd’hui encore des découvertes à nous livrer d’après l’artiste.

Selon l’environnement qui l’entoure, Jonathan LLense va puiser dans les éléments du décor pour en faire les protagonistes de ses photographies. « Tout devient inspiration » comme il l’explique. Un bricolage visuel et manuel où il compose des arrangements particuliers, parfois étranges, des associations d’idées pour faire jaillir de nouvelles perceptions. Pour lui « l’idée c’est d’avoir une cohérence de regard », de parvenir à retranscrire son point de vue à travers ses choix de mise en scène, d’angle ou de cadrage.

Ensemble on va plus loin
Les commandes font désormais partie intégrante de son travail. Depuis deux ans, il se prête à ce nouvel exercice qui lui impose de revenir à certaines contraintes, lui permet de sortir de son système habituel tout en y accolant son univers. Une démarche qu’il a pu amorcer avec sérénité grâce à son agent, David Bault (TheLink Mgmt). À l’époque membre du jury de Jonathan LLense lors d’une résidence à la suite d’Arles, celui-ci le repère et le recontacte plusieurs années après pour le représenter avec sa nouvelle agence. « C’est ça qui a fait la différence avec les années, savoir bien s’entourer. J’ai besoin de m’entourer. Le fait qu’on soit proche est important » confie l’artiste sur sa relation avec son agent. Pour la suite de sa carrière, le but est ainsi de monter en gamme, de travailler pour des marques toujours plus prestigieuses, plus vues, alternant entre la commande et le travail personnel, et continuant chaque fois qu’il le pourra, d’ouvrir le robinet.