Publié le 02 mars 2020
Temps de lecture : 3 minutes

Bagarre

TEXTEALEXIS JAMA-BIERI
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Ayant ses quartiers à Paris, Bagarre est un groupe de musique mêlant à la fois le clubbing, la chanson française et la pop, fondé en 2013 et composé de cinq membres répondant aux pseudos de Maître Clap, Emmaï Dee, La Bête, Mus et Majnoun. Dans la continuité de la sortie de leur premier album « Club 12345 », les cinq ont foulé de nombreuses scènes, enflammant les festivals d’été. Nous les avions rencontrés au milieu des herbes sauvages, lors de la dernière édition du festival La Magnifique Society à Reims, avant de les revoir quelques semaines plus tard sur la scène du festival Rock en Seine.

Vous définissez-vous comme un groupe ou comme un collectif allant au-delà de la musique ?
À la fois groupe et collectif, on est tant dans la réalisation concrète que dans le concept. On s’est rencontrés à Paris il y a un peu moins de dix ans. C’était une grande période ! On venait d’un peu partout : Paris, banlieue parisienne et province, et on débutait nos études. Comme on sortait beaucoup, notamment au Social club et qu’on avait des connaissances communes, on s’est croisés régulièrement pour faire la fête. On s’est rapidement rendus compte qu’on avait de nombreuses affinités musicales, et comme on s’ennuyait un peu on a eu envie de développer un projet ensemble !

Pour vous, cette « grande période » se caractérisait comment ?
On s’est rencontrés à un moment où les gens ne sortaient plus pour ALLER en club mais pour suivre des gens qui organisaient des soirées, comme le collectif « Fils de Vénus ». C’est à cette époque-là que plein de nouvelles musiques sont entrées dans les clubs et se sont métissées. Ce n’était plus l’hégémonie de la techno comme à la grande époque du Rex et du Social club. Plusieurs collectifs avaient donc pu avoir une résidence en club, particulièrement au Social club. Parallèlement, plein de petits clubs, de bars un peu « underground » comme le Club 56, et autres lieux alternatifs dans des entrepôts, se sont développés à Paris et en proche banlieue.

On ressent dans vos titres de multiples influences. Comment travaillez-vous tous ensemble pour les mettre en cohérence ?
On a besoin d’être tous ensemble pour composer, même s’il y a beaucoup de morceaux qui partent d’initiatives individuelles. On a besoin que l’énergie soit collective, donc pour composer on se retrouve tous dans une maison. Tout part du morceau en lui-même et de celui qui le porte, sans processus précis. Les thématiques sont assez personnelles, chacun apporte sa propre histoire et ce qu’il a envie de dire puis tout le groupe se met derrière cette idée là et à son service pour essayer de la pousser le plus loin. On pourrait dire que tout débute de l’idée « de se baigner dans la même eau» avec nos diverses capacités, certains sachant plutôt écrire, d’autres sachant plutôt jouer d’un instrument ou faire de la production.

On crée beaucoup de playlists de musique avec tous les sons qui nous plaisent et nous influencent. L’avènement des plateformes musicales telles que Soundcloud ont en effet joué un grand rôle dans nos diverses influences au moment de la création de notre groupe : toutes les musiques étaient désormais à disposition et se mélangeaient un peu naturellement. Il y avait des genres musicaux qui se succédaient rapidement en club. Par exemple, quand le Baile funk est arrivé au Social club, plein de productions, que personne n’avait entendues, sont arrivées du Brésil, et à ce moment-là des sons qui appartenaient à un style particulier se sont très rapidement retrouvés, en deux mois, dans un autre style et ainsi de suite. Cette capacité de mélange a fortement marqué la musique de notre époque et notre propre musique.

Quel est votre rapport à la scène musicale française actuelle ?
Certains groupes sont nos amis, on est inspirés par les mêmes choses qu’eux mais pas forcément par eux. On n’a donc pas spécialement de lien musical direct sauf avec ceux avec qui on fait des collaborations ponctuelles comme par exemple Vladimir Cauchemar.

Vous préférez plutôt jouer dans les petits clubs ou les gros festivals ?
Peu importe où nous jouons, le tout c’est de créer une énergie particulière, une magie, une communion avec le public par la sueur, de créer LE moment du club ou du festival, même si le public d’un club n’a rien à voir avec le public d’un festival, la démarche et la temporalité étant très différentes.

noussommesbagarre.com
@_bagarre

Crédit image : PE Testard