Marthe Cresson a fondé sa marque bijoux il y a près de deux ans. Ses créations intemporelles et délicates jouent avec les formes courbes et rigides, les variations de volume, les contrastes de matières et de surfaces ; une conception du bijou qui s’apparente plus à la sculpture qu’à l’accessoire de mode.
C’est après des études en design produit que Marthe Cresson s’est dirigée vers le bijou. « Il y a avait un côté sculptural dans le bijou qui m’intéressait davantage. Le côté fonctionnel et industriel du design produit était un peu trop froid à mon sens. » Elle choisit pour se former, la seule école à Paris orientée bijou contemporain, l’Afedap. « C’était vraiment une ouverture aux différents matériaux. La bijouterie classique et les pierres ne m’intéressaient pas trop. » Pendant deux ans, elle y apprend à fabriquer le bijou et à manipuler le métal, un matériau devenu essentiel pour ses collections puisqu’il s’avère être le plus facile d’approche pour construire en volume, fonctionnant bien avec le corps, et offrant la possibilité de le déformer, de le souder, de jouer avec ses aspects de surface. Suite à l’Afedap, elle continue son cursus à la HEAD de Genève, pour acquérir en maturité et élargit encore son champ de vision en expérimentant d’autres matériaux comme le bois et la céramique.
À la fin de ses études, Marthe Cresson intègre le bureau de création de la maison de joaillerie Boucheron. « Bien que j’ai pu y apprécier la joaillerie, ça m’a confortée dans mes choix de faire du bijou contemporain. Là-bas, on est beaucoup dans le dessin. L’idée, on la dessine. Alors que moi je suis beaucoup plus maquette et expérimentation en 3D. Ça m’a donc encouragée à aller vers mon idée première : travailler directement la matière et ne pas être focalisée sur la mise en valeur des pierres mais sur la mise en valeur des matériaux, des formes et des jeux que l’on peut créer entre eux. »
À l’issue de cette expérience, elle mène pendant un an et demi, un travail de recherche, définit son identité, et aboutit en janvier 2018 à la création de sa marque. « J’essaie de faire des objets intemporels, je veux qu’ils aient leur force sans qu’ils aient une identité trop marquée. Je ne suis pas dans l’esprit mode. » Coté inspiration, Marthe Cresson avoue presque timidement : « Je vais plus puiser mon inspiration chez Leroy Merlin qu’en regardant mes camarades bijoutiers. Je m’inspire beaucoup des procédés mécaniques » ; nous laissant entendre que ses études en design industriel ont eu une forte influence sur son travail. « Quand j’évoquais ‘le coté froid’ du design produit, je faisais référence au côté un peu trop fonctionnel, quand on oublie le coté ‘sensible’ . À l’inverse, j’aime beaucoup le travail des designers qui parviennent à concilier ces deux aspects en apportant une personnalité propre à chacun de leurs objets, comme Gaetano Pesce ou Marianne Brandt. »
Cette recherche continue du « sensible » a mené Marthe à introduire dans ses bijoux le verre soufflé, un matériau rencontré durant ses études et pour lequel elle a eu un coup de cœur. « Ce que j’aime c’est son côté aléatoire. Avec le même geste, le même souffle à chaque fois, la bulle se forme toujours différemment ; c’est quelque chose que je trouve magique. On voit vraiment la matière vivre par elle-même. » Marthe, qui travaillait auparavant avec une souffleuse de verre, a suivi une formation pour pouvoir pratiquer le geste elle-même, le procédé restant accessible grâce aux petites dimensions du bijou.
Les pièces en verre soufflé de Marthe Cresson traduisent subtilement l’ensemble de la démarche créative dans laquelle elle s’inscrit : ses bijoux sont conçus comme des sculptures, à la simple différence qu’elles sont à porter sur soi.