Publié le 06 octobre 2021
Temps de lecture : 3 minutes

Serpent, Sang froid pour musique chaude

TEXTEAlexis Jama-Bieri
PHOTOSGiasco Bertoli
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Au début des années 2010, Lescop nous entrainait dans son univers pop en nous faisant musicalement atteindre l’au-delà de sonorités spectrales à l’ambiance glacée, claquant comme une déflagration de pistolet. Aujourd’hui, c’est pour un tout autre projet qu’il vient sur la scène du festival La Magnifique Society – Extra Life ! le 26 juin 2021 avec le groupe Serpent, dans lequel il chante. Là, l’univers est plutôt FPunk, mélangeant habilement le Funk et le Punk Post-Pandémie, joueur et jouissif comme un hymne à la (re)vie. Échange à l’heure du café avec Mathieu Peudupin, alias Lescop.

Serpent, ce sont cinq membres avec en première ligne Mathieu Lescop, qui cherchait à retrouver le rapport direct à la composition collective et spontanée : « J’ai fait le conservatoire pour être acteur et c’est un peu par hasard que je suis devenu chanteur, même si j’ai toujours eu envie de chanter et d’improviser. Après une belle expérience en solo je m’ennuyais et je voulais faire de la musique différemment. Ça me manquait de composer en groupe et de tirer la langue au côté froid de la New Wave sombre où je commençais à ne plus être vraiment à l’aise. »

Avec Wend¥ Kill à la batterie, Martin Uslef et Adrian Edeline aux guitares, et Quentin Rochas à la basse, c’est en mai 2019 que naît Serpent, à Paris. « Alors que Wend¥ collaborait déjà avec moi depuis longtemps, j’ai rencontré Adrian à la Philharmonie de Paris et le groupe s’est constitué au fur et à mesure. Ce sont tous des musiciens chevronnés qui sont aussi bien capables de jouer du Rock, du Jazz ou du Classique. Dès notre première répétition, on avait déjà près de trois morceaux. »

Comme une évidence, l’image du Serpent leur vient à l’esprit, celle-ci se conjuguant alors particulièrement avec leur funk froid et leur punk hédoniste en cours de construction. « Le nom Serpent ramène à l’animalité, à l’intuition, à l’efficacité et aux émotions binaires. C’est un animal qui fascine et hypnotise… comme notre musique », précise le chanteur.

Comme une échappatoire à la noirceur d’un monde morose où les rapports humains sont mis sous cloche et où chacun s’est mué en spectre sans visage, le studio de répétition s’est alors transformé en salle de jeu joyeuse et (ré)créative pour le groupe : « Nous sommes un peu joueurs et on s’amuse beaucoup. L’alchimie a pris entre nous et on travaille avec intuition, envie et amusement. C’est très enfantin, on est un peu comme ‘de petits chatons’. Notre processus créatif est bordélique. Nous partons de l’improvisation d’un morceau. À la fin, un autre le poursuit, on se cale tous dessus et au bout de deux minutes trente, soit ça nous plait et on a un nouveau morceau pour notre répertoire sur lequel on continue à travailler, soit on arrête. On a déjà écrit plein de morceaux qu’on souhaite jouer en Live pour les confronter à la scène et au public avant d’aller en studio pour notre premier album (un premier EP intitulé Time for a rethink est sorti en décembre 2020, ndlr). »

Ici, les paroles en langue de Shakespeare remplissent leur rôle musical, détachées de leur simple signification : « L’anglais fonctionne bien avec notre musique qui ne se veut pas trop intello. Comme je maîtrise mal l’anglais, c’est de la ‘maçonnerie’, c’est brut, je vais à l’essentiel, et c’est plus rigolo ! ». Énergiques, elles sont l’accent sur le E d’être.

La crise sanitaire n’a pas eu d’incidence négative – au contraire – sur le processus créatif de Serpent. « Même si c’est frustrant de ne pas se confronter au public, il y a quelque chose à tirer de cette frustration. On a partagé ça avec tout le reste de l’humanité. On a donc tous le droit d’être contents de reprendre les concerts. »

Pour l’avenir, Serpent se verrait peut-être bien « explorer de nouvelles choses et de nouveaux instruments ». Toujours en mouvement, il glisse vers de nouvelles perspectives, sans s’arrêter, hors d’un monde anxiogène et troublé qu’il est grand temps de repenser. Derrière les nuages noirs, le ciel est toujours bleu.

La Magnifique Society
25-26-27 juin 2021
Parc de Champagne, Reims
lamagnifiquesociety.com
IG : @lamagnifiquesociety