À l’image de Calder, qu’il a découvert sur le tard, il réalise des mobiles et stabiles de métal en petits ou très grands formats. Tout à la fois artiste et artisan, il est l’une des figures montantes du design contemporain.
Alex Palenski a de qui tenir. Celui qui se définit lui-même comme un « artisan du métal » plus que comme un artiste, est le petit-fils d’un designer qui, déjà, travaillait le même matériau. « J’ai ces souvenirs très présents de séjours chez mon grand-père, de son atelier avec de très grosses machines qui s’apparentaient à celles que l’on trouvait alors dans l’industrie. Je me souviens très bien des sons, des différentes matières qu’il utilisait et transformait. » Pourtant, c’est d’abord vers le bois qu’Alex Palenski se tourne. Âgé d’une vingtaine d’années, il utilise ce matériau qu’il trouve simple à aborder, pour sculpter et créer des objets. « Le métal me paraissait difficile à travailler, je ne l’ai approché que plus tard en me formant sur le tas. J’ai développé des techniques personnelles et c’est ainsi que j’ai pu trouver mon style. » Il commence alors à créer des mobiles, mêlant des miroirs à des tiges de cuivre. Puis un jour, une révélation, une exposition consacrée à Calder au Centre Pompidou. Étonnamment, même dans une famille largement ouverte sur les arts – sa mère est peintre et restauratrice de tableaux –, jamais Calder ne s’était retrouvé dans son champ de vision. « Quelque chose m’a parlé intimement. J’ai aimé cette recherche sur l’équilibre. Et je me suis dit que je pouvais le faire moi aussi, que c’était possible, que je pouvais creuser cette voie. » De retour chez lui, il reprend ses recherches. Il découpe des formes invitées à se mouvoir ensuite dans l’espace. « J’aimais découper l’acier, agencer les différentes pièces. Mes premiers mobiles, je les ai réalisés avec des métaux très simples, peu onéreux, pour 10 ou 15 euros. Il y avait là, pour moi, le plaisir simple de faire soi-même. N’ayant jamais suivi de formation en art ou en métallerie, je me suis formé seul au fur et à mesure et j’ai dû trouver en moi-même les ressources pour combler un manque de technique, d’outillage ou de moyens financiers. Ce parcours d’autodidacte m’a permis de développer un style personnel aux techniques propres en réalisant moi-même toutes les étapes de mes projets. »
Un vocabulaire personnel
Alex Palenski est sculpteur en métal direct. Il s’inscrit ainsi dans les traces de Picasso, Gargallo, Pevsner, Calder qui ont inventé la sculpture par assemblage, avec le cuivre, le laiton, l’aluminium, le fer, l’acier, l’inox… Aujourd’hui, il produit deux types de mobiles : les premiers sont de petits formats. Ils ornent les intérieurs et s’apparentent à des bijoux, ciselés avec une grande précision. Les seconds, sont de très grands formats. Réalisés sur commande, ils sont ensuite installés sur site. « J’aime les voir se confronter à la nature, aux saisons, au temps qui passe. Je suis très attentif à la manière dont ils captent la lumière, dont ils entrent en interaction avec l’air. » Traitées avec une peinture anti-corrosion, ces sculptures mobiles extérieures ne « bougent » pas, à la différence d’autres sculptures, dont il apprécie de voir, au fil du temps, la patine naturelle transformer la façon dont elles jouent avec la lumière.
« Pour mes pièces d’intérieur, toutes les formes – que ce soit le socle ou les pales – sont obtenues à partir d’éléments initialement plats (tôles) que je travaille par pliage, cintrage, martelage jusqu’à obtenir le volume, la dynamique et la légèreté désirée, résume Alex. En excluant toute autre matière que le métal (aucune peinture, aucun vernis) pour exploiter uniquement la brillance obtenue par le polissage, j’ai cherché à créer un objet capable de capter et révéler deux éléments essentiels à ma vie, à la vie : l’air et la lumière. » Il le reconnaît, lorsqu’on réalise des mobiles en métal, il est impossible de se détacher de l’influence d’Alexander Calder. « J’ai cependant suivi ma propre voie en développant un vocabulaire personnel de formes en volume créées d’une manière unique et de matériaux simples que j’essaie de rendre précieux. »
Équilibres
Pour Alex Palenski, le mobile est le point culminant où fusionnent les différentes propriétés du métal : la légèreté, la finesse et en même temps, la solidité de la structure. Il s’est imposé à lui comme une évidence : travailler les équilibres, les masses, les formes, mais aussi le jeu de ces formes dans l’espace ; le challenge de traduire en mouvement réel tous les calculs réalisés en atelier…
Alex dispose de deux espaces pour travailler : l’un, à Paris, est « un vrai atelier d’artiste » où il réalise ses mobiles de petits formats et quelques découpes. L’autre, c’est celui de son grand père, « avec de grosses machines, des enclumes, du bruit ». Deux ambiances aux antipodes l’une de l’autre. À Paris, son atelier s’apparente à l’antre d’un orfèvre, calme, lumineux, tandis que dans celui de son grand-père, il s’équipe des mêmes protections que les ouvriers de la sidérurgie, manie la scie à métaux, le marteau et le fer à souder. C’est là, qu’il façonne aussi les socles de ses sculptures de métal. Aujourd’hui, les mobiles d’Alex Palenski voyagent à travers le monde. Ils figurent dans des galeries à New York, Rio, Moscou, Taïwan, Londres mais aussi à Paris, où ils seront présentés jusqu’au 6 juin 2020 à la Galerie Samagra (52 rue Jacob, 75006).