Publié le 01 octobre 2021
Temps de lecture : 5 minutes

Balthazar : « On est encore très naïfs et c’est important pour faire de la musique. »

TEXTEAlexis Jama-Bieri
PHOTOSDROITS RÉSERVÉS
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Balthazar est un groupe de pop originaire de Courtrai (Belgique), fondé en 2004. Composé de Maarten Devoldere (chant, guitare, clavier), Jinte Deprez (chant, guitare, violon), Patricia Vanneste (violon, synthé, chant), Simon Casier (basse, chant) et Christophe Claes (batterie), le groupe produit un son reconnaissable par l’utilisation du violon mêlé au synthétiseur. Process a rencontré Balthazar autour d’une bière belge à l’occasion de son live lors de l’édition 2021 du Festival Face B (Cabaret Vert) « Still A Live ».

Comment êtes-vous tombés dans la musique ?
Jinte : J’ai suivi un parcours cliché et pas super rock n’roll. Enfant, je suis passé par une école de musique où j’ai appris le violon.

Maarten : De mon côté, j’ai accédé à la pratique musicale en autodidacte. Mon grand frère jouait de la guitare et il m’a appris quelques accords, puis j’ai commencé à écrire des chansons.

À la fondation de Balthazar, quelles étaient vos aspirations artistiques ?
M : Au départ, Jinte et moi jouions dans la rue, dans la même ville, mais nous ne nous connaissions pas car on jouait dans des quartiers différents. Puis nous nous sommes rencontrés à l’occasion de performances et nous nous sommes rendu compte que nous jouions, chacun de notre côté, de jolies chansons en boucle et que cela devenait ennuyeux. Nous nous sommes donc réunis, ce qui nous a donné d’emblée six chansons, et était plus amusant ! Toutefois, quand on a commencé le groupe, notre but ultime dans la vie était de jouer dans les bars locaux et de vivre de notre musique. On ne pensait pas qu’on se retrouverait à jouer sur de grandes scènes et dans les festivals.

J : On était très jeunes au commencement de Balthazar. Même avec le recul on ne réalise toujours pas complètement notre parcours. Par chance, on est encore très naïfs et c’est important pour faire de la musique.

Avez-vous des maîtres à penser en matière de musique pop ?
M : Nous aimons la musique des 60’s-70’s, notamment John Lennon, Serge Gainsbourg et le Velvet Underground. Nous sommes également inspirés par beaucoup de choses, et on ne choisit pas toujours ses influences… La moindre petite chanson (même particulièrement médiocre) qui passe à la radio peut rester dans nos têtes et on peut en faire quelque chose.

Par quelles étapes passez-vous pour composer votre musique ?
J : Nous composons à deux avec Maarten. Nous écrivons tous les deux les textes et la musique, sans division des tâches. C’est un travail solitaire au départ, car nous travaillons chacun de notre côté jusqu’au point où nous échangeons sur les mélodies et les paroles de chacun. On peut dire qu’on écrit chacun une chanson que nous combinons ensuite en une seule. En fin de processus, nous mixons nos idées, puis les autres membres de Balthazar apportent leur point de vue au moment de l’enregistrement et ça devient une création de groupe.

M : Nous composons énormément de musique et aujourd’hui nous avons une importante bibliothèque de sons avec laquelle nous pouvons faire un album et laisser la magie opérer. D’une certaine manière, nous sommes tous le producteur de l’autre quand il s’agit d’écrire des chansons et ça finit toujours par apporter quelque chose d’inattendu. Parfois on part des arrangements, parfois d’un riff de guitare, parfois on donne toute liberté au reste du groupe, et c’est ce qui est passionnant, après cinq albums, de pouvoir expérimenter et découvrir tout en sachant d’expérience ce qui fonctionne bien ou pas pour nous.

J : Un album est d’une certaine manière une collection de morceaux interdépendants. Ils apportent à chacun un contexte et une dimension qu’ils n’auraient pas seuls. Comme je le disais, c’est une création de groupe en fin de processus, en studio. Or, pour Sand, notre dernier album, on a dû improviser du fait de la crise sanitaire, car nous ne pouvions pas jouer avec l’ensemble du groupe en studio comme nous l’avions imaginé à l’origine. On a donc a dû finir l’album d’une drôle de manière, avec une formation moins « live », en utilisant des rythmes électroniques et beaucoup plus de synthétiseurs puisque nous ne pouvions pas tous être présents lors des enregistrements. D’un coup, l’album a été radicalement différent de ce que nous imaginions lors de son écriture, et ce fut une belle surprise !

De quelle manière testez-vous les nouveaux morceaux ?
J : On ne sollicite pas d’opinion extérieure, sauf parfois quelques amis, car si on aime vraiment un morceau tous les deux avec Maarten (ce qui est assez rare) c’est qu’il doit être suffisamment bon pour figurer dans l’album.

Vous travaillez beaucoup les morceaux entre la version album et la version live ?
J : Une fois qu’on a enregistré l’album et qu’on se met en répétition, on sent très vite si certaines mélodies sonnent mieux avec tel instrument plutôt qu’un autre, même si cela a été enregistré autrement. On aime expérimenter sur la durée de certaines mélodies et sur la répartition des rôles. On aime également ajouter quelques détails assez subtils… En tout cas, ce n’est pas une copie conforme de l’album.

Comment et avec qui travaillez-vous sur vos pochettes d’album ?
J : On a plusieurs approches. Pour la dernière, on avait vu une photographie sur Internet, on ne savait pas ce que c’était ou ce qu’elle représentait, mais on aimait beaucoup l’effet catchy de l’image. On a cherché à en savoir plus sur l’artiste, une sculptrice néerlandaise, et on lui a demandé si on pouvait utiliser l’image de son œuvre car elle était raccord avec le message de notre album Sand.

M : On n’a pas comme Radiohead un ami qui fait toutes nos pochettes, mais on a plein d’amis photographes. Ainsi, pour Rats par exemple, on avait demandé à un ami photographe si on pouvait utiliser sa photo.

Comment avez-vous vécu l’arrêt des concerts à cause de la crise sanitaire et quelles sont vos émotions en retrouvant le public ?
J : C’était bizarre de sortir un album en janvier / février sans pouvoir voir en live la réaction du public. Et maintenant ça reprend avec cet album groovy et fait pour le live qui est parfait à jouer en festival.

M : On est très heureux de reprendre les concerts. C’est très bizarre, c’est comme se réveiller d’un coma, et d’être de nouveau vivant. On était depuis 10 ans habitués à être toujours en tournée et c’était notre vie. Soudain, on s’est retrouvés bloqués à la maison durant un an et demi. Alors aujourd’hui, on mesure encore plus notre chance de pouvoir jouer en live et on ne prend pas ça pour acquis !

Avez-vous une anecdote à nous raconter à propos d’un de vos concerts ?
M : Lors d’un concert en Afrique du Sud nous avions une scène installée sur un lac. Il y avait de l’eau entre nous et le public. La scène s’est effondrée et Simon, notre bassiste, est tombé à l’eau avec sa basse. Après une demi-heure d’efforts, nous avons enfin pu repêcher la basse. Elle était abimée mais elle fonctionnait encore, et, chose étonnante, elle avait un son incroyable, superbe ! Nous avons ensuite enregistré tous les morceaux des albums suivants avec cette basse, dont le son a été magnifiquement transformé par l’eau. Alors nous la chérissons et avons maintenant une assurance pour cette basse qui fait notre son unique. Si nous la perdions, nous serions très mal !

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